Madagascar possède beaucoup de particularités : par exemple ses pirates n’étaient pas du tout des forbans ordinaires mais de grands utopistes égalitaires, épris de démocratie et anticolonialistes. Du moins si on en croit leur légende (celle de « Libertalia », leur domaine). Ils créèrent une nouvelle ethnie métisse en s’associant à des femmes indigènes dans le nord de la grande île.
Voici un extrait de cet article de Libération (quelque peu dépréciateur, je trouve) :
» Une aventure éphémère, fondée par deux marins : le capitaine Misson, un Français bien né «à l’humeur vagabonde», et Carracioli, un prêtre débauché qui finira défroqué à force de libertinage. Ensemble, préférant le tumulte à une vie bien ordonnée, ils embarquent à la fin du XVIIe siècle sur le Victoire, un navire de commerce français. Au cours d’une attaque anglaise, ils perdent leur capitaine et décident de «saisir la fortune à bras-le-corps». Une nouvelle vie commence, sous les couleurs du Jolly Roger, le mythique pavillon noir à tête de mort.
Des Caraïbes au golfe de Guinée, jusqu’aux côtes de l’Afrique australe, après quelques abordages, ils trouvent à Madagascar leur éden pirate : une baie au nom suave, assourdie de soleil, «Diego-Suarez», un lieu idéal pour jouir du fruit de leurs rapines. Le capitaine poursuit : «L’île de Madagascar offre tout ce qui est nécessaire à la vie. […] Les mers qui l’entourent sont poissonneuses, les forêts giboyeuses et les entrailles de la terre riches de mines d’un fer très pur.» Ici, leur gagne-pain est à portée de main : la route des Indes et ses navires commerçants, chargés de soieries, d’épices, de pierres précieuses ou de vins.
Dans ce havre de paix, à l’abri du Vieux Monde, les mutins s’organisent. Ainsi, nous détaille l’auteur, chaque groupe de dix hommes élit un représentant à l’assemblée constituante, chargée de voter des lois. Tout est mis en commun. Les butins sont partagés. Les retraites et accidents de travail – nombreux chez les pirates, qui ont choisi une vie dangereuse – sont couverts par la communauté. Comme un vrai père attentif et soucieux, Misson, élu capitaine pour trois ans, promet de n’employer son pouvoir que dans l’intérêt de tous. «Notre cause est brave, juste, innocente et noble, car elle se nomme liberté.»
https://www.liberation.fr/voyages/2014/07/20/l-utopiehissee-haut_1067274/