La Cité-État sumérienne accumule les richesses dans ses entrepôts

Les Sumériens se présentent comme les champions de la plus grande sédentarité possible. Ils réalisent la forme la plus achevée de la révolution néolithique : ils manifestent d’ailleurs en toutes choses le goût de la perfection. Ils possèdent au plus haut point le sens de l’organisation. Dans de vastes entrepôts bien sécurisés au centre de la ville, ils accumulent d’abondantes réserves de nourriture, de graines, d’objets manufacturés, de pierres précieuses, de lingots de métaux… destinés à plus ou moins brève échéance, à la consommation locale ou à l’exportation. Celle-ci n’a guère d’autre but que d’obtenir en échange certaines matières premières qui font défaut en Mésopotamie. Artisanat, architecture, commerce et fonctions administratives connaissent donc un développement considérable à côté des activités plus traditionnelles, liées à la religion, à l’agriculture, à l’élevage, à la domesticité… L’enseignement, créé d’abord pour former des scribes, prend une place de plus en plus importante dans la société. Les châtiments corporels infligés aux élèves, par le fouet surtout, sont quotidiens et assez répétitifs. Mais les parents riches ont le droit d’acheter le professeur (pas très bien payé) en l’invitant à souper et en lui offrant des objets de valeur : leur enfant devient alors mieux considéré et mieux traité à l’école.
Une grande partie des géniales inventions étaient liées étroitement à la gestion des stocks. Car les biens de la Cité étaient entreposés ensemble afin d’être redistribués en rations aux particuliers ou pour être exportés pour des échanges. Au début l’écriture, dans sa fonction la plus primitive, a servi surtout à la comptabilité et à la désignation des objets. Elle est née d’ailleurs à partir de symboles utilisés sur les cachets qui servaient à estampiller les lots de marchandises (pour indiquer surtout leur contenu exact et leur destination précise). La langue elle-même a sans doute été modifiée quelque peu en fonction de cette obsession de l’ordre, du rangement et de la comptabilité. Les Sumériens ont créé les premiers poids et mesures, une numérotation sexagésimale pour des calculs très savants et très précis, un calendrier… Quant à la charrerie, elle doit aider au transport de tous ces objets pesants. Le chariot ne doit d’abord sa mobilité qu’à une sorte de traîneau qui le supporte et qui est tiré par des bœufs. Puis la roue est inventée et le véritable char apparaît (pour le transport, pour les combats, pour les déplacements personnels), avec bientôt comme animal de trait l’âne plutôt que le bœuf. Mais les transports de longue distance se font encore essentiellement par bateaux. Sumer construit donc de bons navires pour le trafic sur l’Euphrate et même sur l’Océan Indien. Mais ce sont surtout des navires étrangers qui, après avoir traversé le Golfe Persique, apportent les précieux biens exotiques dans les ports du Sud comme Our : les Sumériens semblent ne pas trop aimer à s’aventurer sur la mer, contrairement, par exemple, aux Indiens. Comme en Égypte, c’est la marine fluviale qui est privilégiée et qui procure d’ailleurs à Sumer un véritable empire commercial (qui s’étend notamment jusqu’au Nord de la Syrie et au Taurus).
Leur agriculture est intensive, avec une importante irrigation. Ils inventent l’araire (tirée par des bœufs). Ils privilégient la production de céréales (surtout le blé et l’orge). Une huile végétale aux usages multiples est extraite du sésame. Ils possèdent de grands vergers et sont grands amateurs de dattes. Ils récoltent le raisin pour son fruit et ne produiront jamais de vin. Mais ils inventent la bière et en créent de très nombreuses variétés (de diverses couleurs), ce qui favorise l’apparition des premiers bistrots. Grands métallurgistes du cuivre et des métaux précieux, ils sont les principaux découvreurs de la métallurgie du bronze. Ils inventent le tour de potier, la brique moulée et cuite (en argile), ils utilisent le bitume (surtout pour le ciment)…
L’élevage de grand bétail appartient uniquement au palais ou aux temples : les éleveurs sont donc, bon gré mal gré, soumis a une stricte hiérarchie, a une organisation rigoureuse de leur travail et sont sévèrement contrôlés : ils ne sont que de simples fonctionnaires de la Cité-État. Ils sont plus surveillés que les autres paysans et que les artisans du fait que leurs activités les contraignent à une plus grande mobilité. La tonte des moutons est une des grandes activités saisonnières, car la laine, traitée, constitue une ressource importante. Le petit élevage appartient surtout aux agriculteurs et leur apporte presque uniquement un complément de nourriture.

Pour illustrer, une carte perso des cités sumériennes. Les Akkadiens vont créer peu à peu des cités au nord.

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